Jeux croisés
Marthe, la quarantaine, est professeur de mathématiques. Les vacances d'été viennent de débuter.
Son mari, Pierre, la quitte pour une autre femme, plus jeune, avec qui il va avoir un bébé.
Marthe est anéantie par cette rupture et plus encore par l'annonce de l'arrivée prochaine de cet enfant. Avec Pierre, ils n'ont jamais vraiment eu envie d'en avoir.
Marthe décide de partir se réfugier en bretagne, dans la maison de sa grand-mère adorée, Marguerite, aujourd'hui disparue. C'ette dernière l'a élevée une partie de son enfance dans cette petite maison isolée et située en bord de mer. Elle y a été heureuse jusqu'à ce que sa mère revienne la chercher pour l'emmener vivre à Paris.
Avant de rejoindre la Bretagne, Marthe se rend dans un supermarché. Et là, un moment de folie va lui faire commettre l'irréparable. Elle aperçoit un bébé dans un caddie. Il n'y a personne autour de lui et il pleure beaucoup.
Elle le kidnappe et l'emmène avec elle à Penmarch...
Le bébé s'appelle Ludo. Sa mère, Alice, a 18 ans. Elle ignore qui est le père de son enfant. À l'annonce de sa grossesse, ses parents l'ont chassée de chez eux. Alice se partage entre son boulot dans un pressing et Ludo qu'il faut emmener et aller rechercher à la crèche, qu'il faut laver, faire manger, avec qui il faut jouer...et puis, il y a toutes les tâches ménagères et les courses. Ce quotidien pèse lourd sur les frêles épaules de cette toute jeune fille qui aimerait avoir du temps pour elle et des activités similaires aux gens de son âge.
Quand Ludo a disparu, Alice parlait avec un ami et sétait quelque peu éloignée de son caddie. Après s'être aperçue qu'il n'était plus là, elle a paniqué puis une idée folle lui a traversé l'esprit, et si elle attendait avant de prévenir quelqu'un? Cela lui permettrait de faire gagner du temps au ravisseur et elle pourrait retrouver sa liberté et l'insouciance de sa jeunesse...
Avec une écriture et un style simples et sobres, Marie Sizun décrit bien les tourments de l'âme, les fragilités, les folies et les errances de deux femmes. Alice et Marthe ont un rapport très différent à la maternité.
Chacune a eu un instant de folie mais on a envie qu'elles s'en sortent, qu'elles trouvent une aide, un appui. On a l'impression qu'il faudrait ou qu'il aurait fallu peu de chose pour qu'elles soient heureuses.
L'auteur ne dénonce pas l'attitude des ces deux femmes, pas plus qu'elle ne l'excuse, mais elle porte un regard sensible sur ses personnages. On comprend leur folie, comment elles ont été amenées à commettre un acte irraisonné, comment elles en sont arrivées là.
Jeux croisés, Marie Sizun (Arléa, 2008)